L’Eveil de Upasika Kee Nanayon

 

 

Un soir, j’étais assise en méditation dehors, en plein air, le dos droit comme un I, fermement déterminée à apaiser l’esprit mais, même au bout d’un long moment, il refusait de se calmer. Alors, je me dis : « Je pratique ainsi depuis plusieurs jours et mon esprit n’arrive pas du tout à se poser. Il est temps de lâcher cette détermination à tous crins et d’être simplement consciente de l’esprit. » Je commençai à bouger mes mains et mes pieds pour quitter la posture de méditation mais, à l’instant où je dépliai une jambe et avant d’avoir déplié l’autre, je vis que mon esprit était comme un pendule, oscillant de plus en plus lentement, de plus en plus lentement, jusqu’à ce qu’il s’arrête.

Il y eut alors une claire conscience qui se maintenait d’elle-même. Lentement, je remis mes jambes et mes mains dans leur position de méditation. En même temps, l’esprit était dans un état de clarté absolue et parfaitement stable ; il voyait clairement au travers des phénomènes élémentaires de l’existence tandis qu’ils apparaissaient puis disparaissaient, changeant selon leur nature ; il voyait aussi quelque chose de séparé à l’intérieur, sans apparition, sans disparition et sans changement, quelque chose qui était au-delà de la naissance et de la mort – quelque chose qu’il est très difficile de mettre en mots parce que c’était une pleine compréhension des phénomènes élémentaires de la nature, complètement intériorisée et individuelle.

Au bout d’un moment, je me levai lentement et allai m’allonger pour me reposer. Cet état d’esprit demeura comme un grand calme qui se maintenait de lui-même, tout au fond. Finalement l’esprit quitta cet état et retourna progressivement à la normale.

Ceci me permit de constater que la pratique, quand elle est seulement mue par un désir intense, perturbe l’esprit et l’empêche de trouver le calme. Par contre, quand nous avons une conscience juste de l’esprit, une conscience intérieure apparaîtra naturellement d’elle-même. Grâce à cette claire conscience intérieure, j’ai pu continuer, à partir de là, à avoir la connaissance de ce qui est vrai et faux, juste et erroné. Cela m’a permis de savoir que l’instant où l’esprit avait tout lâché était une claire conscience des phénomènes élémentaires de la nature parce que c’était une conscience dont la connaissance venait de l’intérieur et voyait d’elle-même ; ce n’était pas quelque chose que l’on peut connaître ou voir en le voulant.

Pour cette raison, l’enseignement du Bouddha sabbe dhamma anatta — « tous les phénomènes sont dépourvus de soi » — nous dit de ne nous saisir d’aucun phénomène de la nature, qu’il soit conditionné ou inconditionné. À partir de ce jour-là, j’ai pu comprendre les choses et lâcher progressivement les attachements.

 

Source : Pure et Simple