L’Eveil de Swami Ramdas

 

 

Un jour, le sadhuram qui l’accompagne décide d’emmener Ramdas pour recevoir le ‘darshan’ (la grâce spirituelle) de Ramana Maharshi. Les visiteurs se prosternent aux pieds du saint. Le lieu respire la paix. Le Maharshi est encore jeune, il possède un tel calme sur son visage et un tel regard de tendresse et de sérénité que tous ceux qui viennent à lui subissent le charme de sa paix et de sa joie. Ramdas dit au Maharshi :

«- Maharâj, un humble serviteur se trouve devant toi. Aie pitié de lui. Sa seule prière est de recevoir ta bénédiction. Le Maharshi ne répond pas, mais il pose son beau regard sur Ramdas, et le contemple pendant quelques minutes avec intensité, comme s’il versait en Ramdas, par ses yeux, la bénédiction. Puis il fait un signe indiquant qu’il l’a béni. Un tressaillement d’un bonheur indicible secoue le corps de Ramdas tout entier, le faisant frémir comme une feuille sous la brise. »

Il oublie tout ce qui est autour de lui, et tombe dans une extase inexprimable. C’est pour lui une expérience capitale : se référant à cette unique visite, il considérera qu’après son père, le Maharshi est son second gourou. Après cette expérience :

« Ram inspire alors à Ramdas le désir de demeurer quelque temps dans la solitude sur la colline d’Arunachala. Ramdas y trouve une petite caverne dans laquelle il entre et s’installe. Il y reste pendant vingt jours et vingt nuits, en répétant sans interruption le mantra que lui a donné son gourou… Dans cette communion ininterrompue avec Ram, il ressent une joie intense, et se trouve plongé dans un océan de béatitude indescriptible. »

Au bout du vingtième jour, comme il sort de sa grotte, ses yeux sont remplis d’une lumière étrange, et il voit le Divin partout. Il Le voit dans les pierres, il Le voit dans les arbres, il Le voit dans les plantes et les rochers et il crie qu’il voit Ram partout. Comme un fou, il se précipite dans tous les sens, et il embrasse tout ce qu’il trouve, les pierres, les plantes, un homme qui passe…

Il décrit la progression de son état intérieur durant les deux dernières années :

« Il atteignit bientôt le moment où la vision ne s’effaça plus en lui mais devint une expérience égale et permanente ; de là, il arriva à un état d’exaltation où sa vision, jusque-là intérieure, fut projetée à l’extérieur. L’Amour divin l’éblouit en lui permettant de temps en temps un coup d’œil sur cette vision. Il lui sembla que son âme s’ouvrait comme une fleur et, dans un éclair éblouissant, embrassait tout l’Univers auréolé d’amour et de clarté. Jamais dans les étapes précédentes, il n’avait ressenti pareil bonheur. Ce fut à cet instant que Râmdâs s’écria : Râm est tout, Il est partout et dans tout. Il atteignit bientôt le moment où la vision ne s’effaça plus en lui mais devint une expérience égale et permanente ; de là, il arriva à un état d’exaltation où sa vision, jusque-là intérieure, fut projetée à l’extérieur. L’Amour divin l’éblouit en lui permettant de temps en temps un coup d’œil sur cette vision. Il lui sembla que son âme s’ouvrait comme une fleur et, dans un éclair éblouissant, embrassait tout l’Univers auréolé d’amour et de clarté. Jamais dans les étapes précédentes, il n’avait ressenti pareil bonheur. Ce fut à cet instant que Râmdâs s’écria : Râm est tout, Il est partout et dans tout. Cet état d’âme, pendant quelques mois, venait et repartait. Quand il s’effaçait, un grand désir de solitude apparaissait. Pendant qu’il durait, Râmdâs se mêlait au monde et prêchait la gloire de l’Amour et du Bonheur divins. La mission de Râmdâs eut son point de départ dans cette vision extériorisée. Sa plénitude et sa magnificence lui furent révélées dans la grotte de Kadri où sa vision devint plus continue. Dieu Se reflétait dans ses yeux et il ne voyait que Lui en toute chose, tandis que des vagues de bonheur déferlaient en son âme. À ce moment, il comprit qu’il avait atteint une conscience pleine de splendeur, de puissance et de béatitude. »

 

Source : Carnets de Pélerinage