Biographie de Swami Ramdas 1884-1963

 

 

Vittal Rao nait en 1884 dans le Kerala, au sud-ouest de la péninsule indienne dans une famille brahmane très pieuse.

Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les saddhus et par tout ce qui touche à une pratique spirituelle. De nature indépendante, il ne montre aucun goût pour les études scolaires bien qu’il aime lire et fréquente les bibliothèques des institutions chrétiennes dans lesquelles il est envoyé. Au contact de ses maîtres, il rencontre les Évangiles. La définition chrétienne : ‘Dieu est amour’ l’enchante. Plus tard, il dévore les livres de Madame Blavastsky et d’Annie Besant sur les mystères des religions.

Mais il découvre des ouvrages publiés par l’Association Américaine de Presse des Rationalistes qui insinuent le doute en lui et sa foi, nourrie dès l’enfance, vacille. C’est alors qu’il lit les ouvrages de Vivekananda, disciple de Ramakishna, sa foi renaît de façon plus large, sans aucune attirance désormais pour une religion de rites et de cérémonies. Un ami très cher lui fait découvrir la Bhagavad-Gita qui occupera toujours une place particulière dans son cœur. Il en tirera la certitude de la puissance de la voie de la Bhakti, la voie de la dévotion.

Malgré son peu d’intérêt pour les études, il réussit à obtenir un diplôme de technicien en industrie textile. Le travail qu’il trouve ne l’intéresse pas du tout, mais il doit gagner sa vie. Comme la tradition l’exige, sa famille lui demande de se marier, il ne finit par y consentir que parce que ses parents se sont engagés pour lui et qu’en Inde, on ne peut pas se dédire dans cette sorte d’arrangement. Il a 24 ans, sa femme Rukmabaï vient d’une famille conservatrice, elle lui donnera une fille, Ramabaï, pour laquelle il aura une grande affection, mais ce mariage arrangé ne sera pas heureux.

La vie professionnelle de Vittal est mouvementée. Il trouve et perd régulièrement des postes. La condition ouvrière est déplorable, comparable à ce que l’Occident a connu au 19ème siècle. Vittal en tant que contremaitre doit parfois affronter la colère et même les menaces des ouvriers quand ils ne sont pas payés, lui-même a souvent les pires difficultés pour réussir à se faire verser ne serait-ce qu’une partie de son traitement. Quand il défend les ouvriers, il perd son poste. Il doit affronter des tracas d’ordre familial, financier, social, des déménagements multiples.

Faute de pouvoir trouver un travail convenable, il décide de monter une petite affaire qui marche bien et va même prendre de l’extension, mais il n’est pas un gestionnaire, l’entreprise va vers la faillite. Un ami providentiel se présente pour reprendre les rênes au moment où la vie de Vittal prend un tournant décisif.

Son esprit se tourne de plus en plus vers le Divin. Il se met à répéter le Nom de Dieu continuellement, il supprime son repas du soir, et s’impose une vie monacale. Les nuits sont « consacrées, à part deux heures de repos, à chanter les louanges de Ram ». Rukmabaï s’effraie de la tournure que prend désormais la vie de son mari. Mais aucune persuasion, aucun appel, aucune protestation, soit d’elle soit de sa fille ne changent la ligne de conduite qu’il s’est fixé.

Il perd toute attirance envers les choses de ce monde. La méditation prend une place de plus en plus grande. Un jour, son père qui est lui-même un grand bakta (dévot) de Ram lui transmet le Ram-Mantra : Sri Ram, Jai Ram, Jai Jai Ram, l’assurant que, s’il répète ce mantra continuellement, Ram lui donnera un bonheur éternel. Cette ‘initiation’ de son père — qu’il considérera désormais comme son gourou — précipite le progrès spirituel de Vittal.

Il a trente-huit ans. Il décide de tout quitter pour Ram, devient sannyasin, moine errant, et quitte sa famille.

Il se fera désormais appeler Ramdas, le serviteur, l’esclave de Ram. Il se rend auprès de Ramana Maharshi pour recevoir son « darshan » (grâce spirituelle). C’est pour lui une expérience capitale : se référant à cette unique visite, il considérera qu’après son père, le Maharshi est son second gourou.

Après une année à pérégriner ainsi, Ramdas se trouve à nouveau à Mangalore d’où il était parti. Il séjourne dans une grotte durant quelques semaines, au cours desquelles il consacre son temps à parler à des dévots qui cherchent son ‘darshan’, à écrire et à méditer sur Ram. C’est alors qu’il compose la première partie de ses Carnets de pèlerinage.

Après deux autres années passées à visiter des sanctuaires et autres lieux saints ainsi qu’à répondre à la demande de disciples dévots, Ramdas décide de s’établir dans un premier ashram, qui voit le jour en 1928 à Kasaragod. C’est alors que se présente à l’ashram nouvellement construit une jeune femme, Krishnabaï, qui va en devenir la ‘mère’, c’est-à-dire celle qui seconde le maître.

Un soir, deux hommes s’introduisent dans l’ashram où Ramdas et Krishnabaï sont seuls et les aggressent. Krishnabaï a été blessée dans la lutte et Ramdas décide aussitôt d’abandonner le lieu.

Un nouvel ashram est inauguré en 1931 près d’Hosdurg. Ramdas y restera jusqu’à sa mort en 1963,