Enseignements de Upasika Kee Nanayon

 

 

Beaucoup de gens sont gênés de parler de leurs propres défauts mais n’ont aucune gêne à parler des défauts des autres. Ceux qui sont prêts à admettre leurs problèmes – ces pollutions mentales qui obscurcissent leur esprit – de manière simple et directe, sont très peu nombreux. En conséquence, la maladie des pollutions mentales est tue, gardée secrète, de sorte que nous ne réalisons pas à quel point elle est grave et étendue. Nous en souffrons tous et pourtant personne ne veut en parler ouvertement. Personne n’essaie vraiment de diagnostiquer ses propres pollutions mentales…

Nous devons trouver une stratégie intelligente si nous voulons éradiquer cette maladie et nous devons pouvoir aborder le sujet ouvertement, reconnaître nos défauts, depuis le plus évident jusqu’au plus subtil, en les disséquant jusque dans leurs plus petits détails. Ce n’est qu’alors que nous bénéficierons de notre pratique. Si nous nous observons de manière superficielle, nous penserons peut-être que nous sommes très bien tels que nous sommes, que nous savons déjà tout ce que nous avons besoin de savoir. Mais quand les pollutions mentales se déchaînent sous forme de colère ou d’incompréhension, nous prétendons que tout va bien… et c’est ainsi que les pollutions mentales deviennent une maladie cachée, difficile à saisir, difficile à diagnostiquer…

Nous devons être forts pour repousser les pollutions mentales, les désirs et toutes les formes d’ignorance de la réalité. Nous devons éprouver notre force face à eux et les assujettir. Si nous pouvons les assujettir, nous pouvons les dominer. Sinon, ce sont eux qui nous domineront, qui nous mettront à la tâche, nous mèneront par le bout du nez, nous créeront des désirs et nous épuiseront de toutes sortes de manières.

Alors, sommes-nous encore des bêtes de somme ? Sommes-nous des bêtes de somme parce que les pollutions mentales nous dominent ? Ont-elles mis un anneau autour de nos naseaux ? Quand nous en arrivons au point où nous n’en pouvons plus, nous devons nous arrêter ; nous arrêter et observer les pollutions mentales pour voir comment elles apparaissent, ce qu’elles veulent, de quoi elles se nourrissent, ce qu’elles aiment. Faites-en votre passe-temps favori : regardez les pollutions mentales et affamez-les, comme une personne qui se libère d’une accoutumance… Voyez si les pollutions mentales en sont perturbées. Sont-elles affamées au point de saliver ? Alors, ne les laissez pas manger. Quoi qu’il arrive, ne les laissez pas prendre cette drogue qu’elles désirent tant. Après tout, il y a beaucoup d’autres choses à manger. C’est ainsi que vous devez être dur avec elles, dur avec ce « moi ». « Tu as faim ? Eh bien, continue à avoir faim ! Tu vas mourir ? Très bien ! Tu peux mourir ! » Si vous parvenez à maintenir cette attitude, vous serez capable de vous libérer de toutes sortes d’accoutumances, toutes sortes de pollutions mentales, parce que vous n’êtes pas esclave du désir, vous ne nourrissez pas le désir qui se délecte des choses matérielles. Il est temps que vous arrêtiez, temps que vous cessiez de nourrir ces tendances. Si elles flétrissent et meurent, laissez-les mourir ! Après tout, pourquoi voudriez-vous qu’elles restent bien grasses et bien nourries ?

Quoi qu’il en soit, vous devez maintenir la pression sur vos désirs et vos pollutions mentales jusqu’à ce qu’ils s’épuisent et disparaissent. Ne les laissez pas redresser la tête, gardez-les sous votre emprise. Telle est la pratique claire et directe que vous devez suivre. Si vous êtes persévérant, si vous menez une lutte constante jusqu’à ce que toutes les pollutions aient disparu, ce sera la plus belle des victoires ; aucune victoire ne peut se comparer à la victoire sur les désirs et les pollutions de notre esprit et de notre cœur.

C’est pourquoi le Bouddha nous a appris à traquer les pollutions mentales dans toutes nos activités, que nous soyons assis, debout, en train de marcher ou couchés. Si nous ne le faisons pas, ce sont elles qui nous traqueront dans toutes nos activités…

Si vous observez les choses attentivement, vous verrez que les enseignements du Bouddha sont tous parfaitement exacts, aussi bien quand ils nous disent d’examiner la maladie des pollutions mentales que quand ils nous disent de lâcher, de détruire et d’éliminer ces pollutions. Toutes les étapes sont là, nous n’avons donc pas à aller étudier autre part. Tous les points de son enseignement nous montrent la voie ; inutile donc de nous demander comment faire pour examiner ces maladies et les éliminer. Cela devient mystérieux et compliqué seulement si vous étudiez ces enseignements sans faire le lien avec la libération de vos propres pollutions mentales. Les gens n’aiment pas parler de leurs propres pollutions et le résultat en est qu’ils restent complètement ignorants. Ils vieillissent et meurent sans rien savoir de leurs propres pollutions mentales.

Quand nous commençons à pratiquer, quand nous commençons à comprendre comment les pollutions mentales brûlent notre cœur, c’est là que nous en venons, peu à peu, à nous connaître nous-mêmes. Comprendre la souffrance et les pollutions mentales, et apprendre comment y mettre fin, nous donne de l’espace pour respirer…

Apprendre comment éteindre les feux des pollutions mentales, comment les éliminer, signifie que nous avons des outils. Nous pouvons avoir confiance en nous : pas de doutes, pas d’hésitations sur la voie de la pratique, parce que nous sommes sûrs de voir qu’en pratiquant ainsi, en contemplant l’impermanence, la souffrance et le non-soi de cette manière, à tout moment, nous sommes vraiment débarrassés de nos pollutions mentales.

Source : Dhamma de la foret – traduction Jeanne Schut