Enseignements de Madame Guyon :

 

 

Extraits du « Moyen court de faire oraison « :

L’oraison, cette prière silencieuse, au delà des mots, paraît difficile à beaucoup de gens. Madame Guyon commence par rassurer : faire oraison est possible à tout le monde, et c’est même absolument nécessaire à tous ceux qui veulent être sauvés. Cela ne passe pas par la pensée, car c’est l’oraison du cœur :

« Après s’être mis en la présence de Dieu par un acte de foi vive, il faut lire quelque chose de substantiel et s’arrêter doucement dessus, non avec raisonnement, mais seulement pour fixer l’esprit, focalisé sur que l’exercice principal doit être la présence de Dieu et que le sujet doit être plutôt pour fixer l’esprit que pour l’exercer au raisonnement.  (…) Il faut que la foi vive de Dieu présent dans le fond de nos cœurs nous porte à nous enfoncer fortement en nous-mêmes, recueillant tous les sens au dedans. (…) lors donc que l’âme est de cette sorte ramassée en elle-même, qu’elle s’occupe doucement et suavement de la vérité lue, non en raisonnant beaucoup là dessus, mais en la savourant. (…) Il faut qu’elle avale, par un petit repos amoureux, plein de respect et de confiance, ce qu’elle a mâché et goûté. »

 

« Pour ceux qui ne savent pas lire, (…) qu’ils commencent par un acte profond d’adoration et d’anéantissement devant Dieu, et là, tâchant de fermer les yeux du corps, qu’ils ouvrent ceux de l’âme et qu’ils la ramassent au dedans. (…) Qu’ils disent leur Pater en français, (…) pensant que Dieu est au dedans d’eux et veut bien être leur Père. (…) Qu’ils demeurent quelque moment en silence avec beaucoup de respect attendant que ce Père leur fasse connaître ses volontés. (…) Poursuivant leur Pater, qu’ils prient ce roi de gloire de régner en eux (…) puis qu’ils restent en silence. S’ils se sentent une inclination à la paix et au silence, qu’ils ne poursuivent pas, mais qu’ils demeurent tant que cet état dure. Après quoi, ils continueront la seconde demande :  Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel  (…) voyant que l’occupation de la volonté doit être d’aimer, ils désireront d’aimer et  demanderont à Dieu son amour. Mais cela, doucement, paisiblement. Et ainsi du reste du Pater (…) Ils ne doivent point prendre quantité de Pater et  d’Ave à dire, mais quand ils n’en diraient qu’un de cette manière, ils le diraient bien. »

 

Après ce premier degré d’oraison, il faut apprendre comment entrer dans le second degré d’oraison. :

« Si, dès le commencement, en faisant son acte de foi, l’âme se sent un petit goût de la présence de Dieu, qu’elle demeure là, sans se mettre en peine de sujet ni de passer outre et qu’elle garde ce qui lui est donné tant qu’il dure. S’il s’en va, qu’elle excite sa volonté par quelque affection tendre. Et si, dès la première affection, elle se trouve remise dans sa douce paix, qu’elle y demeure. Il faut souffler doucement le feu, et sitôt qu’il est allumé, cesser de le souffler, car qui voudrait encore souffler l’éteindrait. »

 

Madame Guyon ne cache pas qu’il y aura des sécheresses, que ce n’est pas si facile qu’il y paraît :

« Tout le soin donc que nous devons avoir, c’est de nous recueillir au-dedans le plus qu’il nous sera possible, ne nous étonnant point de la peine que nous pouvons avoir à cet exercice. »

 

Sa guidance spirituelle vise un travail en douceur, trouver comment « amortir les passions » par un « petit retour au dedans ». Toute approche forcée, âpre, ne peut donner les résultats espérés. Elle assure que l’on peut connaître et goûter la félicité dès cette vie, en possédant Dieu qui est le suprême bien. Que ce repos de l’âme qui est demandé n’est pas une passivité, qu’au contraire, en trouvant Dieu, on agit autrement, par Lui.

« C’est donc une action, mais une action si noble, si paisible, si tranquille, qu’il semble à l’âme qu’elle n’agit pas. »

Pour cela, il est essentiel de :

« Laisser le passé dans l’oubli, l’avenir à la Providence, et donner le présent à Dieu. »

Source : Voyages en pays d’Eveil et de sainteté